Je ne suis pas encore en transition car je n’ai pas l’opportunité de commencer à la faire. J’habite pour le moment en Nouvelle Calédonie mais suis originaire d’Oyonnax. Pour mon travail, je suis souvent hors du territoire français et il est donc difficile pour moi de débuter ma transition même si j’y pense tous les jours. J’allais commencer à faire les démarches en France lorsque j’ai eu l’opportunité de repartir à l’étranger. J’ai donc dû remettre mon début de transition à plus tard.
Ce qui me marque aujourd’hui c’est que le jour où j’ai réalisé qu’il était possible d’être soi par le biais d’une transition je me suis senti comme soulagé à tel point que j’ai même pas hésité à aller voir ma soeur et ma mère pour leur annoncer la nouvelle : j’étais un garçon mais avec un corps de fille. Et là, problème. C’est ce qui expliquait mon mal être. Depuis que je suis toute petite (je ne sais pas si je dois parler en « il » ou en « elle », vous aurez donc des mélanges dans mon texte, peu importe, l’histoire reste la même), j’ai un mode de vie de garçon.
J’ai ensuite annoncé la nouvelle à mon frère. Il a été choqué et m’a répondu très violemment mais il m’aime quand même et aujourd’hui, y a plus de souci. Mon autre petite sœur a trop bien réagi. Elle m’a répondu : « CooOOL » et m’a posé des tas de questions. J’étais trop contente ! Par contre, j’ai peur de l’annoncer à mon père. Je ne sais pas comment il pourrait réagir. Et je l’aime tellement que je ne veut pas le perdre.
Quand j’étais toute petite, hors de question de porter une robe ou un habit de petite fille. Je ne sais pas à quel âge on devient conscient de ce qu’on porte comme vêtement mais une chose est sure, c’est que moi, dès que j’ai su que ma mère me mettait des robes, 2 secondes après, j’étais en short ou en pantalon !
Durant mon enfance, j’ai pas eu trop de souci, j’avais pas de néné… maillot de bain de garçon, pas de haut. Pas de souci. Je me sentais bien dans ma peau. J’avais des copains de football. Tout était bien.
C’est à l’adolescence où j’ai commencé à avoir des problèmes. Port du maillot de bain 2 pièces ou une pièce obligatoire… quelle horreur, je ne supporte pas.
Quand j’étais au collège, j’ai pas eu trop de souci, nous sommes encore des enfants à cet âge-là et j’ai réussi à rester « petit garçon ». En revanche, au lycée, ce n’est pas pareil. La pression des autres nous pousse à devenir plus féminin pour être comme les autres. J’ai eu quelques tentatives. 1 journée en jupe, une soirée en robe mais quelle torture. Je ne me sentais pas moi mais déguisée pour une soirée. Du coup, je passais tout le temps une mauvaise soirée. Coincé dans des vêtements, bloqué par une apparence qui n’était pas moi. Mais je ne savais pas à l’époque qu’il existait un trouble de l’identité. Alors, je me sentais différente et du coup, je me suis réfugié dans les études. Je ne suis jamais sorti beaucoup. Toujours le même problème, si je vais en boîte, comment dois-je m’habiller ? Mes copines me maquillaient, me prêtaient des hauts féminins… toujours terribles… quelle galère…
Et puis, je passe en mode « grandes études », je m’oublie un peu, je passe en mode « lesbienne ». J’ai eu 2 copines, relation de plus ou moins longue durée. C’était pas mal. Mais, je crois que ça ne me correspondait pas trop.
Et puis, il y a 9 mois, je monte à Paris pour rendre visite à un ami Yaggeur et un après midi, nous nous rendons à un entraînement de football de l’association organisé par Yagg. Je passe un après midi supe sympa mais je ne tilt pas, pensant que nous participions à un entraînement normal avec des hommes aimant des hommes.
On rentre en ville avec mon ami et je commence à lui parler du coach que j’ai trop kiffé ! lol Il m’annonce alors qu’il est FtM. Je ne connaissais pas. Il m’explique. On discute. On visite Paris. Et je rentre chez moi après le week-end. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me poser des questions et à lire des forums, des articles… sur internet. J’ai écouter des témoignages sur Youtube, sur Dailymotion… puis surfer encore et encore. Et puis, j’y pensais tout le temps.
Un matin d’il y a environ 3 mois, j’ai eu un flash. Je me suis réveillé et je savais que j’étais un garçon mais que j’étais dans un corps qui ne me correspondait pas.
J’ai alors annoncé la nouvelle à mon ami de Paris dans la matinée même. Il a été surpris mais a totalement adhérer à mon choix. Il m’a dit qu’il me soutiendrait dans mes démarches. Je lui ai annoncé mon désir d’être moi-même.
Combien de fois dans mon adolescence j’ai rêvé que j’avais de la barbichette, que je me rasais ou encore que j’avais un zizi et pas une zézette…
Bref.
Aujourd’hui, dans mon nouveau boulot en Nouvelle Calédonie, je mets mes binders. Si des personnes me pose des questions je leur explique. Et ça passe bien ici. Il y a un phénomène transidentitaire assez courant chez les Malaisiens. Les familles portent une très grande importance aux filles et les garçons sont donc élevés comme des filles et leur éducation les amènent, une fois adulte à poursuivre jusqu’à une transition MtF. Au travail, j’ai déjà rencontré 2 MtF. Elles sont magnifiques, gentilles et surtout acceptées.
Cela me donne donc encore plus confiance en moi et me pousse à chercher très ardemment une solution pour commencer ma transition. Il semblerait possible que je puisse avoir un suivi ici mais il faut aller voir un gynécologue apparemment. ça fait qu’un mois et demi que je suis arrivé à Nouméa donc, avec le temps, j’espère trouver une solution pour devenir moi-même.
J’espère que mon témoignage vous sera utile. Si vous avez des réactions ou des commentaires, je les lirais avec un très grand plaisir.
A bientôt,
Anaïs bientôt Mathias
nano.noumea @ ymail.com