Nous avons contribué au livret de la LGP 2007, paru à 15.000 exemplaires, en écrivant l’article suivant.
L’intégralité du livret est disponible sur le site de la LGP de Lyon.
La transidentité en France en 2007
La transidentité est le fait de ressentir une inadéquation entre son corps et son esprit, entre son anatomie et la conviction d’être homme ou femme. Ce n’est pas une affaire de sexualité mais d’identité. Ce n’est pas une forme d’homosexualité. Cette conviction profonde d’être homme ou femme s’appelle l’identité de genre. En effet, malgré les préjugés, il n’y a pas de lien nécessaire entre corps biologique et identité psychique : on peut être né avec un corps masculin mais se sentir profondément femme et vouloir vivre socialement comme telle. Cette situation est source de souffrances psychiques et affectives. La transidentité regroupe une grande variété d’identités : travesti(e)s, transgenres, transsexuel(le)s… De manière générale, on parle de personnes trans. Il est important pour les femmes trans MtF (Male to Female) d’être considérées socialement comme femme. Il est donc nécessaire de s’adresser à elles au féminin. De même, un homme trans FtM (Female to Male) doit être reconnu en tant qu’homme et on devra s’adresser à lui au masculin.
Les trans se retrouvent isolés socialement lorsque les amis et la famille s’éloignent d’eux au lieu de les soutenir dans leur parcours. De plus, le rejet dans le monde du travail est fréquent. Par peur d’avoir à affronter le regard des autres, d’essuyer des insultes, voire de se faire agresser, les personnes trans ont souvent peur de sortir de chez elles. Le décalage entre l’apparence et l’état civil pose également de nombreux problèmes au quotidien chaque fois qu’il est obligatoire de présenter ses papiers d’identité : retirer un colis à la Poste, voter, passer des examens, trouver un emploi ou un logement, subir un contrôle de police ou de douane… De ce point de vue, on est comme sans-papiers dans son propre pays.
Cependant, pour bénéficier du changement du sexe sur l’état civil, l’État français impose de suivre un long protocole arbitraire et discriminatoire que nous voulons voir disparaître. Il impose d’avoir préalablement effectué des opérations chirurgicales de « réassignation sexuelle » (mammectomie et hystérectomie pour les hommes, vaginoplastie pour les femmes).
Ces opérations sont lourdes et nécessitent des soins à vie. En France, les résultats obtenus sont si catastrophiques que l’on constate très souvent une perte totale du plaisir, de nombreux problèmes fonctionnels, et des résultats esthétiques très approximatifs… En outre, de nombreuses personnes transsexuelles ne ressentent absolument pas le besoin de se faire opérer. Nous estimons que la France doit prendre exemple sur d’autres pays comme l’Espagne qui n’exigent pas d’opérations pour l’obtention d’un changement d’état civil. Même après l’opération, la loi laisse à la discrétion des tribunaux le choix d’imposer des expertises humiliantes, ce dont beaucoup ne se privent pas. Il est lamentable que la transsexualité soit aujourd’hui encore considérée comme une maladie mentale par le DSM IV, l’ouvrage de classification des troubles mentaux établi par les psychiatres, comme l’homosexualité l’était il y a 30 ans.