Enquête Chrysalide ‘Santé Trans 2011’

Objectifs

Cette enquête a été menée du 1er décembre 2010 au 30 octobre 2011 par Chrysalide.

Elle avait pour objectif de récolter des informations sur la santé et la sexualité des personnes trans, qu’il s’agisse de leur rapport aux médecins, des prises de risques liés à la sexualité ou encore de leur orientation et préférences sexuelles.

Les présents résultats sont publiés le 20 novembre 2011 à l’occasion du Jour du Souvenir Trans 2011. Il s’agit d’une présentation globale des résultats. Une analyse plus détaillée sera publiée dans quelques mois.

Chiffres clés du pré-rapport

Le PDF du pré-rapport complet est téléchargeable. Nous allons lister sur cette page uniquement quelques chiffres clés du résultat de l’enquête.

Identités

Nous avons demandé aux répondants de définir leur identité parmi une liste de 8 propositions, auxquelles s’ajoutait la possibilité de préciser une réponse ouverte autre. Il était possible de choisir plusieurs identités dans cette liste. Les répondants ont en moyenne sélectionné 1,5 identité. Au total, il y a eu 30 précisions différentes sur la réponse « autres » et en prenant en compte les choix multiples de certains répondants, nous arrivons à 54 identités différentes pour 187 répondants, ce qui montre un panel de possibilités en matière d’identité et d’autodéfinition particulièrement complexe et varié.

Le pourcentage de répondants exprimant une identité plutôt féminine (48,1%) est très proche de celui des personnes exprimant une identité plutôt masculine (49,7%). Le groupe des personnes dont les identités exp vers un genre à tendance masculine ni féminine ne représente que 2,1% des répondants.

Nous avons donc un ratio MtF:FtM de quasiment 1:1. Il est intéressant de noter que ce résultat diverge du ratio MtF:FtM communément admis de 3:1 provenant de plusieurs études. L’étude de 2007 de De Cuypiere fait par exemple état d’un ratio de 2,4:1.

Rapport avec les médecins

En dehors du cadre de la transition, 16% des personnes trans se sont déjà vu refuser un rendez-vous par un médecin.

Plus d’un trans sur trois (35%) a déjà renoncé à des soins à cause des préjugés du personnel soignant sur les trans.

Le pourcentage de personnes trans ayant renoncé à des soins est deux fois plus important lorsqu’un médecin à déjà refusé de les recevoir.

Trois personnes trans sur quatre (75%) ont déjà été mal à l’aise avec un médecin pour une raison en rapport avec sa transidentité. Pour plus de la moitié des personnes (57%), cela provenait de l’attitude du médecin, et pour 21% de son mépris. Tout de même 43% des personnes estiment que le médecin n’avait rien fait mais qu’elles étaient gênées, ce qui témoigne d’un malaise profond avec le corps médical.

Sources d’informations et infections

Une personne trans sur six (16%) a déjà contracté une IST au cours de sa vie.

Le taux de séroprévalence déclaré est de 2%. Ce chiffre est nettement inférieur à des études sur la séroprévalence des personnes trans, qui indiquent des taux particulièrement élevés, allant jusqu’à dépasser 80%. Cependant, la plupart des études épidémiologiques qui ont été faites ciblaient généralement des groupes spécifiques : personnes incarcérées, prostituées, migrants,… Notre étude ciblait en revanche l’ensemble des personnes trans. Il n’est donc pas contradictoire d’avoir un taux nettement inférieur. Le taux que nous trouvons ici reste tout de même huit fois supérieur à la moyenne nationale.

Les personnes déclarant le plus fréquemment avoir déjà contracté une IST (33%) sont celles n’ayant aucune source d’information sur leur santé sexuelle. Celles qui déclarent le taux le plus faible (10%) sont celles qui se renseignent auprès de leur médecin. Logiquement, le taux de personnes ayant contracté une IST est donc plus élevé (23%) chez les personnes ayant déjà été rejetées par un médecin par rapport à celles n’ayant jamais subi de tel rejet (14%).

Types de risques

Près d’une personne sur quatre (23%) déclare n’avoir jamais pris de risque lors de rapports sexuels au cours de sa vie. Pourtant, 9% d’entre elles ont déjà contracté une IST. Ce taux est d’ailleurs supérieur à celui des personnes déclarant entre 1 et 5 prises de risques.

Le risque de se faire contaminer est très largement partagé par les personnes décalrant un type de risque (93%). En revanche, très peu ont conscience qu’elles peuvent elles-même contaminer une personne (11%), en étant par exemple porteur sain d’une IST.

Il semble donc important de développer des campagnes d’information sur les méthodes de préventions et de réduction de risques.

La peur de se faire agresser (30%) ou de subir des violences psychologiques (24%) lors d’un rapport sexuel sont particulièrement élevés chez les personnes trans.

Violences subies de la part d’un partenaire

Plus d’une personne sur deux (55%) déclare n’avoir jamais été victime de violences de la part d’un partenaire du fait de sa transidentité. En revanche, 45% en ont bien été victimes.

Du fait de sa transidentité, une personne trans sur vingt (5%) s’est déjà faite violer par son partenaire, une sur quinze (7%) a subi des violences physiques, une sur neuf (11%) a subi des pratiques sexuelles non désirées, une sur cinq (20%) a subi une maltraitance psychologique.